Description
DVD live 2010
Que voilà un bien étrange cocktail musical; le poétique et mélodieux Alpha Lyra jumelé au très articulé et imprévisible Olivier Briand pour le temps d’une soirée musicale sous les lasers et sur les images d’un monde cosmique et aquatique. Christian Piednoir (Alpha Lyra) et Olivier Briand sont 2 synthésistes Français qui font parti d’une association destinée à promouvoir la musique électronique progressive Française, Patch Work Music. En ce soir du 21 Août 2010 les deux compères donnèrent chacune prestation en solo à Nantes. Des concerts intimistes où les spectateurs étaient conviés à une fusion des mondes aquatiques et cosmiques avec la musique très éthérée et spatiale d’Alpha Lyra et celle un peu plus dynamique et progressive d’Olivier Briand. Deux concerts bien différents où la belle et la bête ont médusés des spectateurs ébahis par tant de couleurs, de lasers et une musique sans frontières. Christian Piednoir est un habitué de la musique des profondeurs halieutiques. En 2006 il composa la musique d’Aquarius en marge de l’écriture du livre ‘’Aquarius…sous le signe des poissons’’ de Marie-Paule Piednoir. C’est un brillant synthésiste dont la sensibilité n’est pas sans rappeler la douceur onirique et poétique de Michel Huygen et Neuronium. Étrangement cosmique, From Earth to the Deep Sea ouvre avec de lourdes nappes qui respirent la mécanique des vaisseaux spatials. Des sonorités électroniques cosmiques palpitent sous de puissantes couches d’un synthé caustique et pavent la voie à de fins arpèges séquencées qui dansent sous des mouvements de synthé plus céleste. Un beau titre où les images de fonds marins sont en symbiose avec une musique qui varie entre l’ambiant et le rythme toujours nuancé et pondéré d’Alpha Lyra qui adore peinturé son orphéon poétique de lourdes et enveloppantes strates moulantes. Morphique, l’intro de Space Fish est immergée de tendres couches de synthé qui valsent à la Neuronium dans les coraux spatiaux où la dualité des ambiances se fractionne dans une lente danse cosmique déviant graduellement vers une faune aquatique. Ici comme partout sur le double DVD, les prises de vue sont superbes et les images sont en nettes symbiose avec une musique très enveloppante, quoique ça brasse pas mal plus avec Olivier Briand. À la fois nettes et granulées, elles donnent cette étrange impression d’être constamment entre deux mondes, deux modes. Alors que les chœurs flottent dans la diversité des images aquatiques, Space Fish manifeste son hybridité interstellaire et planétaire entre de douces couches de synthé flottant entre deux sphères. En Tropical Naoned nous entendons certainement le plus beau morceau de musique que Christian Piednoir a composé. Un long titre, très beau à entendre et à regarder, d’une trentaine de minutes où les couches de synthé s’enchevêtrent paresseusement dans un langoureux maelström musical avec des accords qui dansent et défilent en spirale sous une nuée de chœurs astraux. Le tout débute avec un synthé nourri de chœurs aux souffles angéliques survolant une forêt tropicale dont les images sont d’une superbe beauté. Comme dans un escalier musical, de fins arpèges vrillent en spirale pour embrasser un mouvement plus animé avec des accords qui frétillent tels des bancs de poissons voulant fuir un prédateur. Alpha Lyra multiplie les séquences et ambiances avec une retenue poétique, comme une étrange et lente procession qui tourne en perpétuel spirale et implose d’une violence étouffée par ses chœurs de sirènes et ses lourdes strates d’un synthé poignant. Et Tropical Naoned continue son ascension vers une finale plus mélodieuse où des accords de piano embrassent ses furtifs souffles séquencés qui hantent nos oreilles et imprègnent notre mémoire d’un hypnotisme charisme musical. Avec Gymnopédie Cosmique No 1, Christian Piednoir est fidèle à ses douces rêveries éthérées où de tendres nappes enveloppées d’une chorale céleste ondoient dans un cosmos en perdition. Alpha Lyra fait chanter ses synthés avec des odes hypnotiques qui traversent des intempéries musicales où accords hachurés défilent en boucles, telles des vagues sous-marines qui encerclent et font vaciller les sirènes avec la force de leurs mouvements minimalismes, terminant ce conte musical aquatique avec la même douceur onirique de son ouverture. Le monde musical d’Olivier Briand est nettement plus complexe et divisé que celui d’Alpha Lyra. De la MÉ progressive où les rythmes entrecroisés et aléatoires cohabitent avec des atmosphères immensément spatiales et électroniques. C’est sans doute l’une des musiques les plus cosmiques que j’ai entendu depuis les belles années de Software. Little Planet in the Sun ouvre avec des vagues de synthé qui s’entrecroisent avec des sonorités tant spatiales que symphoniques où les réminiscences de Klaus Schulze et Tangerine Dream se font subtilement sentir. Statique l’intro flotte dans un univers sonore à la fois caustique et métallique avec des souffles de synthé sardoniques et des stries pulsatives qui s’enlacent sous des frappes de cymbales et des bruits électroniques. C’est un épais bouillon cosmique en constante ébullition avec un riche environnement galactique d’où s’échappe de faibles balbutiements séquencés. Un peu après la 8ième minute, Little Planet in the Sun devient plus chaleureux avec un mouvement séquentiel ondulant qui ceinture un doux synthé harmonieux dont les solos qui en émergent sont très lyriques et musicaux. Par contre, cette 2ième portion de Little Planet in the Sun offre une rythmique concise car en bute avec la dualité des harmonies d’un monde divisé entre l’abstrait et la musicalité qui tiraille ce premier titre d’Olivier Briand. Défilant en une seule longue pièce ininterrompue, la section d’Olivier Briand est garnie de rythmes qui sont constamment fractionnés et abruptement déviés vers d’autres tangentes plus pondérés ou encore plus désarticulés. Les lasers et images sont en harmonie avec ce monde sonore divisé et hybride avec un montage nerveux et une belle fusion entre les écrans et le synthésiste Français. Les rythmes sont parfois anarchiques comme dans Big Planets I et II ou superbement fluides comme dans Outside System, le court et fantomatique Big Nebula avec ses séquences aux approches de xylophones, mais ils ont toujours des tournures imprévues comme dans le Parc Astronomique qui est un merveilleux rapprochement avec l’univers éclectique et métallurgique de Ramp. Difficile à apprivoiser, Olivier Briand l’est certes. Mais sa musique est d’une belle fluidité harmonieuse morcelée par des drames dessinés dans le cortex très créatif du synthésiste Français. On ne peut rester de marbre devant les approches mélodieuses de Big Planets II et les approches jazzées de Strange Galaxy, quoique plus délicat, et de l’énorme Death Star. Bien que forts indisciplinés et très aléatoires, les brusques structures rythmiques d’Olivier Briand sont immergés d’un monde sonore très électronique où solos de synthé tortueux croisent des mugissements éclectiques qui déchirent le cosmos de longues plaintes musicales parfois éthérées mais souvent caustique. SpaceFish Live Inexxa est un beau DVD d’une MÉ diversifiée qui est collée sur de superbes images. La portion d’Alpha Lyra est aussi belle que sa musique, alors que celle d’Olivier Briand commande une plus grande ouverture d’esprit tant il peut être imprévisible et indomptable, sauf que les écoutes font découvrir une musique aux effluves d’un Jarre audacieux. Une belle invitation à plonger dans l’univers qui me semble bien fourmillant que celui de Patch Work Music.
Sylvain Lupari – Guts of darkness
Cette soirée a tenu ses promesses. Elle a donné à l’assistance le sentiment d’avoir vécu un moment privilégié. Nous étions probablement une cinquantaine dans cette salle nantaise. C’est beaucoup si l’on est pragmatique. C’est bien trop peu eu égard à la qualité des deux prestations offertes, avec lasers, projections fumigènes s’il vous plait.
Tout d’abord Alpha Lyra dont nous assistions tout simplement à la première prestation Live, nous a emmené comme promis vers les étoiles ou dans les profondeurs marines comme en témoignaient les superbes images projetées durant le concert. Le musicien périgourdin perfectionniste dans la construction de ses nappes nous a interprété quatre ou cinq titres dont une longue pièce de 30 minutes tournant autour d’une séquence apaisante et mystérieuse. Le dernier titre de Christian Piednoir fut une variation sur une gymnopédie de Satie ne sombrant pas dans la facilité du genre.
Après quelques instants conviviaux (les musiciens Bertrand Loreau, Jean-Christophe Allier et Awenson faisaient partie de la sympathique assistance) ce fut au tour d’Olivier Briand de débuter son concert. Le compositeur nantais nous a livré un set de 90 minutes sans interruption d’une incroyable densité, à la manière d’un show de Tangerine Dream (excusez moi, je n’ai pas pu éviter la comparaison, mais venant de moi ce n’est que pur compliment). En fait, Olivier a du inclure dans ce set une bonne quinzaine de titres inédits ou non, souvent cosmiques,dreamiens et schulziens parfois mélodieux et quelquefois plus expérimentaux. Il fallait parfois se retenir d’applaudir pour ne pas rater une miette de la performance, car c’en fut bien une, ne donnant aucun répit au musicien. A l’écoute de ce concert, j’avais l’impression qu’Olivier qui n’avait pas fait de concert depuis cinq ans, je crois, avait gardé en lui une quantité impressionnante d’idées musicales comme on refoule une énergie et que cette prestation fut comme une libération dont nous étions les témoins privilégiés. Bertrand Loreau, pourtant mesuré dans ses propos, a qualifié d’énorme le concert de son ami.
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