Réminiscences

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Bertrand Loreau

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Description

Chemin d’enfer est une improvisation de deux fois trente minutes, je crois. Parfois, à cette époque, je perdais complètement la notion du temps lorsque je jouais et je devais m’arrêter juste pour retourner la cassette. Le bout de morceau présent sur le CD est le début de ce que j’avais enregistré. C’est un bon passage parce qu’il y a une progression dans le son. Le morceau commence avec la séquence jouée assez haute puis elle est transposée progressivement vers le bas en même temps que le solo prend de l’importance.

A l’époque j’avais un problème de table de mixage qui a fait que j’enregistrais le son direct (sans effet) d’un côté, tandis que l’écho du son se retrouvait seul de l’autre côté. En fait cela donnait de la largeur au son et c’était plutôt agréable. La séquence de Floating de Schulze est enregistrée comme cela ; cela devait m’inspirer à l’époque.
La séquence tourne sur assez peu de notes mais j’ai utilisé le second canal pour contrôler le filtre VCF. Cette technique familière aux utilisateurs de modulaires permet de changer le timbre de chaque note. En ajoutant de l’écho sur la séquence jouée à un tempo rapide, on obtient facilement une impression de multitimbralité qui donne un caractère très vivant à la séquence, surtout comme si c’est le cas ici, des modulations de filtres (passe bas et passe haut) s’ajoutent aux variations de timbre propres à chaque note.
Partant de notes de cette séquence que j’avais mémorisé je m’exerçais souvent à la programmer rapidement. Ainsi, j’avais pu jouer une version très similaire de ce morceau lors de mon premier concert avec Lionel Palierne, à St Brévin. Pendant le concert, sur certains passages, Lionel doublait mes séquences à la main en jouant, en temps réel, sur son ARP Odyssey.

Cosmic Arp fait référence au synthé préféré de Lionel de cette époque. En train de déménager Lionel m’avait confié tout son matériel. A l’époque ce ne fut pas rien ! Je venais juste d’acquérir le Polymoog que je ne maîtrisais pas encore très bien et je me suis retrouvé dans mon logement de 25 m2 , entouré de mon set habituel enrichi d’un Minimoog, d’un Arp Odyssey et du tout nouveau polyphonique Yamaha CS70 M. La grande nouveauté c’est qu’on disposait avec le Yamaha d’un séquencer digital et polyphonique, (mais sans mémoires !). Je passais mes soirées à passer d’un clavier à l’autre, au point qu’un soir, la gentille locataire du dessus est venue me voir -sans s’attarder, dommage- pour me demander de baisser le son. Paradoxalement je n’ai rien enregistré au cours de cette période, me régalant trop à improviser sur le Mini ou l’Odyssey. Un soir, cependant, Lionel est passé me voir après le boulot, – il craignait sans doute que je disparaisse avec tout le matos- et nous fîmes cette improvisation basée sur deux notes basses qu’il avait entrées presque par hasard dans le séquencer du CS70M. Nous avions l’habitude, à cette époque, de jouer ensemble de longues improvisations dont peu ont été enregistrées malheureusement (ou heureusement pour certaines !). Sur scène, nous jouions des musiques qui commençaient à être écrites à l’avance. On avait, déjà, cette envie d’aller vers des choses un peu structurées même si mon manque de technique musicale limitait beaucoup nos ambitions. C’est, aussi, dans cette période, que nos concerts en duo prirent fin parce que nous sentions que nous allions dans des directions opposées. Lionel voulait travailler sur des harmonies s’inspirant de la musique contemporaine (Schoenberg) tandis que je cherchais à exprimer des choses simples passant par des repères mélodiques plus classiques. Mais notre amitié n’en a jamais été altérée. Nous nous sommes parfois retrouvés ensemble sur scène pour nous rendre des services, en particulier lors d’un concert à Treillières, où Lionel a joué un sublime solo de guitare que seul le premier rang a entendu parce que j’avais oublié de monter la voie de la table de mixage par laquelle passait le son de la Stratocaster. Il ne m’en a jamais voulu.
Dans le genre musique planante séquencée, j’ai certainement quelques morceaux supérieurs à Impro-vision, enregistrés à la même époque, mais ce passage est un bon témoignage de mon utilisation du module sample and hold polyphonique du Polymoog.
J’avais, déjà, depuis un moment, le Micromoog que j’appréciais, aussi, pour son propre sample and hold qu’on entend ici, et qui n’est pas sans rappeler l’utilisation qu’en faisait Klaus Schulze quelques années auparavant. Seul le début du morceau est ici enregistré afin d’éviter d’entendre la séquence qui manifestement se désaccordait.

A l’époque j’aurais voulu que « Le ciel est jaune d’un liquide inconnu » se soit trouvé enregistré sur mon premier disque. Serge Leroy et Christian Jacob qui avaient fondé l’association Crystal Lake essayèrent de trouver un financement en organisant une souscription à l’occasion des concerts du festival de Sheffield au milieu des années 80. Serge et Christian distribuaient la souscription qui annonçait « the most promissing french musician in the Schulze and Vangelis vein » lorsque le public sortait des concerts de Ian Body, de Manuel Gottsching ou de Wavestar. Ils n’ont pas obtenu le résultat souhaité mais je les remercie encore de leurs efforts. Le titre, « Le Ciel… » est celui d’une toile peinte par Françoise Duvivier. Françoise s’intéressait aux musiciens avant gardistes en général, à la musique industrielle en particulier, à celle de Klaus Schulze aussi.
Cette musique constitue pour moi le premier travail sérieux réalisé avec un magnétophone multipistes. Jusque-là, je n’avais fait que des prises en une seule fois. J’avais même hésité à acheter ce multipistes. Musicien en partie autodidacte, je me demandais si je saurais enregistrer une piste après une autre. Lionel savait le faire et je le trouvais génial ! C’est aussi le premier enregistrement sérieux que j’ai fait avec le DX7 qui est resté, avec le Polymoog, mon instrument préféré. Sur le Polymoog, j’avais trouvé un réglage en combinant les quatre sorties qui me permettait de produire un effet de chœur. C’était une chose extraordinaire pour moi, à l’époque, et je me gardais bien d’expliquer à mon copain Jean-Christophe Allier, qui avait aussi un Polymoog, ma trouvaille. L’impression de pouvoir s’approcher du son Schulze était exaltante. Le DX7 me permit de développer à la fois des programmes très personnels destinés à des musiques mélodiques comme des sons très avant-gardistes que peu de synthés pouvaient produire. On entend dans le morceau un son d’orage fait au DX7. On entend aussi des violons surprenants, programmés avec des effets de glissando polyphoniques.
Les séquences qui apparaissent dans la seconde partie du premier morceau sont programmées au MC202 qui fut mon premier séquencer numérique.

DX7 age et Little Dream sont issus d’une cassette qui a été mon second projet de disque jamais réalisé. Cette bande présentait de nombreux thèmes dans la veine de ceux qui sont entendus ici. Des passages plus séquencés m’avaient permis, aussi, de jouer des soli au Minimoog -qu’on entend dans DX7 Age avec un effet de portamento- que j’avais racheté àLionel qui devait payer ses impôts. (L’administration fiscale ignore tout le mal qu’elle a fait, à cette époque, à la création artistique !).

The Music is Saved a la particularité d’avoir été enregistré sans séquencer. J’étais dans une période de transition : j’avais vendu le MC202 mais n’avais pas les moyens d’acheter le sequencer midi qui me faisait défaut. En revanche j’avais fait l’acquisition d’une Roland TR909– une erreur d’investissement ; cette boîte s’est révélée assez médiocre et il était difficile de prévoir l’intérêt qu’elle susciterait quelques années plus tard auprès du public techno ! – qui permettait de déclencher des notes midi (le DX7) à chacun des pas de la boîte ! En gros, il fallait programmer un rythme inécoutable pour obtenir un arpège comme celui qu’on entend ici, et cette programmation pouvait prendre des heures.

Moog Stange et Goom souvenir (Moog à l’envers) sont là uniquement pour le souvenir du bonheur que j’avais à jouer du Minimoog. même sur un accompagnement très peu intéressant. Dans le second morceau l’accompagnement est réalisé par un accord de DX7 qui subit une modulation d’amplitude de forme carrée ; ce n’est pas une séquence.

Rencontre manquée est extrait d’une bande de deux fois 30 minutes environ que j’avais enregistrée à la demande de Serge Leroy et de Christian Jacob. Mes deux amis parisiens m’avaient fait cette proposition : « Enregistre une séquence d’enfer comme tu sais si bien le faire et nous, on ajoutera les sons de nos gros synthés modulaires analogiques par-dessus ! ». Finalement j’avais enregistré deux versions : une face entière de la cassette contenait seulement la séquence avec des transpositions et des variations et une face contenait la même chose agrémentée de quelques parties de Polymoog. C’est un extrait de cette seconde face qui se trouve ici. Le projet de collaboration n’a malheureusement jamais abouti.

Midi-Station est un morceau entièrement séquencé, en pas à pas, au Yamaha CX5M, le premier ordinateur musical midi. Le thème de la séquence basse reprend des notes que j’avais trouvées des années auparavant sur le sequencer analogique SQ10 Korg. Le CX5M possédait son propre générateur sonore à quatre opérateurs (FM), mais obtenir un son de qualité nécessitait un travail de programmation considérable. Le CX5M sauvegardait ses programmes sur cassette (interface cassette) mais lors d’un concert à Chatenay Malabry, organisé par l’association Crystal Lake, mon ordinateur se mit à produire des notes différentes de celles que j’avais programmées. Il produisait SA MUSIQUE. J’avais dû m’arrêter de jouer, expliquer au public les aléas de l’électronique – « j’ai perdu le contrôle de la machine, elle a pris le pouvoir ! » – pendant le rechargement du programme qui pouvait prendre plusieurs minutes. Enfin j’ai repris le morceau, depuis le début. Parce qu’en ces temps obscurs, il n’était pas possible, techniquement, de reprendre autrement qu’au début, même un morceau de trente minutes !

Au-Delà du Passé est une improvisation basée sur une séquence de CX5M qui était destinée à produire un morceau plus construit. Le Polymoog est utilisé, ici, à grand renfort d’écho ce qui est plutôt inhabituel sur un son de nappe. Lors du périple des membres de Crystal Lake au festival de Sheffield, lors du voyage de retour, cette musique permit d’atténuer la nostalgie – la fin d’un rêve éveillé – de quelques passagers qui s’en souvienent peut-être encore. Le voyage se termina par une tentative infructueuse de Serge et de Christian d’interviewer Michel Rocard, rencontré à la gare du Nord, sur l’avenir de la musique électronique en France.

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Boîtier crystal

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