Description
Hypnosphere est un duo constitué de Lambert Ringlage et Wolfgang Barkowski.
L’un s’occupe de donner les ingrédients de la Berlin School, alors que l’autre assure les ambiances atmosphériques.
A découvrir absolument !
Critique
Hypnosphere est le projet commun de deux compositeurs allemands de musique électronique façon “Berlin School”, à savoir Wolfgang Barkowski (alias Alien Nature), et Lambert Ringlage, fondateur passionné de son propre label entièrement dédié au genre, baptisé Spheric Music. C’est sur celui-ci, entre autres publications de grande qualité, qu’ont été récemment édités les dernières livraisons de notre Bertrand Loreau national, un musicien à la belle personnalité humaine et créative dont Lambert semble être, à raison, un grand admirateur. Le duo Hypnosphere voit quant à lui le jour en 2003, avec la publication de “Whithin The Whirl”, un premier CD déjà fort convaincant, et basé sur une série d’improvisations communes des deux claviéristes tripatouilleurs de machines à sons analogiques et numériques. “Magnetism” prolonge avec un remarquable brio la démarche expérimentale amorcée par les deux façonneurs de musiques électroniques “cosmiques”, nous proposant ici une fascinante collection de 8 pièces instrumentales de durées variables, mais qui s’enchaînent les unes aux autres pour une écoute en continue. Le voyage n’en est que plus intense, profond, et pour tout dire, “magnétique” à souhait (voilà un titre qui ne trompe nullement sur la marchandise !).
Barkowski et Ringlage y suivent les traces des pionniers que sont Klaus Schulze et le Tangerine Dream de l’âge d’or, mais sans jamais sombrer dans le pillage ou la parodie. Passages purement “ambient” succèdent ainsi à des envolées rythmiques de séquencers surplombant des nappes profondes et vice-ce versa, immergeant l’auditeur dans un long trip interstellaire absolument jouissif. En cela, “Magnetism” se veut digne des grandes épopées électroniques d’antan, conçues à grand renfort de sonorités vintages et modernes, mixées et agencées avec goût par notre duo d’artistes perfectionnistes, très impliqués dans leur sujet. Les 22 minutes de “Magnetism Part 1” peuvent se définir comme la rampe de lancement idéale pour cette longue immersion électronique, avec une intro quasi-minimale qui se meut peu à peu en un flot de fabuleuses textures sonores aux parfums irréels. Ainsi, des nappes infinies de chœurs fantomatiques créés au mellotron se confondent avec des séquences aux basses enivrantes, qui évoquent comme rarement le Klaus Schulze de la période “Body Love”, celle, unique, ou le mélomane aventureux perdait complètement pied dans un océan de sensations chimériques et totalement indescriptibles.
Ici, la virtuosité pianistique n’a aucun sens, aucune importance en soit, et c’est dans le “son” et l’harmonie proprement dits qu’il faut aller chercher, palper, afin de vivre pleinement l’émotion. En réalité, c’est très souvent la musique d’Hypnosphere qui vous pénètre l’esprit, et non le contraire ! Entre autres influences, on retrouvera également quelques petites touches Software ici et là (du fameux duo Peter Mergener et Michael Weisser : les fans d’IC Music dans les années 80 se souviendront), notamment dans les titres les plus concis et les introductions de chaque plage du disque, ainsi que le Jean-Michel Jarre de la période Oxygène/Equinoxe. En effet, “Magnetism Part 8”, très mélodique et presque enjoué dans son genre, sonne quasiment comme un hommage avoué au compositeur français.
Pour conclure, je dirais que ce “Magnetism”, pièce maîtresse d’Hypnosphere à ce jour, est une véritable déclaration d’amour à l’un des genres les plus précurseurs et passionnants qui soit en matière de musiques synthétiques, et que peu d’artistes aujourd’hui arrivent encore à honorer cette tradition avec pareil talent, tout en gardant leur personnalité intacte. En cela, Hypnopshere fait bien mieux qu’un Redshift par exemple, qui pourtant pousse l’art du mimétisme (un Tangerine Dream des années 70 plus vrai que nature !) avec un brio confondant. La musique d’Hypnosphere, aussi envoutante si ce n’est plus que celle du combo emmené par l’excellent Ian Boddy, a au moins le mérite de posséder sa propre identité. Et le voyage sidéral n’est est que plus beau, passionnant, unique et intense ! Du grand art, tout simplement… – Philippe Vallin – Clair & Obscur
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